Samedi 19 - Bruxelles / Le student : BÜFF + LA PINCE + SHUB
C'est enfin là que nous avons un vrai répit. Aujourd'hui nous n'aurons à nous déplacer en voiture que pour charger et poser le matos au Student bar.
On se lève tard et on a le temps de glander un peu. Un bon et consistant sandwich turc nous mettra tous d'accord. Les concerts commencent tôt ce soir, vers 19h. Nous bougeons donc juste après le
petit rot.
On arrive au petit troquet avec une petite scène juste collée à la vitrine, à côté de la porte d'entrée. Un escalier en face du bar mène à une mezzanine qui nous servira pour entreposer le
matériel. Petit le bar, pas tant que ça. Il est aussi muni d'une belle armoire réfrigérée bien garnie de bières spéciales… Je brise rapidement la glace et demande les conseils du patron d'après
les indices que je lui donne quand à mes goûts. Un gars placide avec une bonhomie flagrante. Il a l'air d'avoir de la bouteille et me conseillera une triple un peu plus fruitée que la Westmalle.
Servie avec le bon verre rafraîchi à l'instant et servie idéalement. Juste les 33 cl avec un col de 3 cm d'une mousse épaisse et goûteuse. Arrivé au liquide et après une bonne respiration qui
suit la première gorgée, je suis d'abord frappé par le fruité. Les triple fermentations sont en général plus brutes. Je préfère les choses plus corsées, mais tant pis pour moi, je n'avais pas
fourni ce détail au patron. Cette bière dont je ne me rappelle malheureusement plus le nom était tout de même très bonne. Juste un peu "light" au palais.
On descend une table et installe une distro en se servant du mobilier et accessoires du bar comme décor. L'ambiance est détendue. Les gens arrivent et le bar se rempli petit à petit.
Surprenant d'apprendre que la grande majorité du public est française. Et oui pas mal de vosgiens ont en fait émigré ici pour sa qualité de vie et son statut équivalent de notre intermittence du
spectacle française, bien meilleur de nos jours en Belgique.
Ils disent eux-même que ce groupe est une blague. D'ailleurs y'a qu'à voir la pochette de leur CD. un homme nu avec les yeux cachés par un rectangle rouge simule un accouplement avec un chien,
lui aussi masqué. Büff, serait-ce le râle qu'a poussé ce chien lors de la photo ? Cela ne serait donc pas qu'une simulation ? Juste au moment où je vois le disque, un homme habillé passe devant
la distro en cachant ses yeux avec son avant bras. J'en déduis aisément que c'est lui qui est sur la pochette. Sa coupe de cheveux assez similaire à la mienne, l'a trahi. Je n'ose lui dire
qu'avec cette posture on le voit de loin. J'apprendrai aussi que c'est le fils spirituel de Dave Yow.
Duo basse, batterie, cris… Un punk rock avec le son de basse bien crade. encore plus basique que Sabot, car pas de chant, juste quelques cris et onomatopées de temps en temps. Le public à l'air
de bien connaître la blague et tout le monde s'amuse bien. Les seules paroles sont "t'es sec" scandées à la fin du morceau du même nom. Le set est court mais l'ambiance est déjà montée d'un
cran.
Arrive alors La pince, c'est le même bassiste, mais ça s'arrête là. Son jeu n'a rien à voir ici.
Apparaissent des mélodies bancales bien travaillées et variées. Le guitariste colle au plus près les intentions mais diverge de temps en temps sur des parties bien noise. Le batteur s'évertue à
passer tout ça à la moulinette. Les rythmes sont cassés, et les enchaînements pas toujours opportuns. C'est ce que j'ai toujours aimé dans la noise. Être surpris par la structure tout en gardant
un fil conducteur bien rock ! Ne pas se retrouver éternellement engoncé dans des automatismes, même si on retombe dans les sauces à la manière de… Et ouais, c'est ce qui fait le jus d'une
formation. Digérer ses influences et en cracher ses interprétations. Je pense parfois à Death to pigs ou AH Kraken. Mais encore une fois ce n'est pas du mauvais re-sucé !
Et même si Dave Yow (ha non merde c'est son fils) chante parfois similairement, son timbre est différent et il ne s'enferme pas dans un complexe comparatif paralysant.
Le public est déchaîné, il n'y a pas de pogo mais ça tourne à la mailloche au ralenti bon enfant.
L'ambiance est vraiment bonne et malgré la violence de la musique tout le monde à la banane !
Ce sera pour nous à ce moment là, la meilleure découverte musicale de la tournée.
Tout le monde est chaud et attend Shub de pied ferme. Après encore une journée de boulot, Émilie et Sylvain nous rejoignent exténués. Ils ne demanderont pas leur reste et nous quitterons peu de
temps après le concert pour un repos bien mérité.
C'est chaud et intense ! Le public remue dans tous les sens. La scène n'est pas très grande alors Didier joue devant elle. Il est chahuté et doit son salut à un angle de comptoir qui saura le
mettre hors de portée durant le concert. En contrepartie il devra jouer des entrechats pour laisser passer les gens car il se retrouve maintenant devant la porte d'entrée.
Pour ma part, mes genoux sont sciés. Je passerai un des rares concert de Shub en retrait, debout sur une banquette en pierre avec quelques aussi rares autres personnes. Nous aurons le privilège
ici d'avoir une belle vue et un spectacle bien sympa que nous apprécierons grandement.
Quelle rencontre avec le public !
La musique terminée, nous faisons la connaissance d'un montois autour de la table de distro. Il ne peut venir demain nous voir chez lui. Il a donc fait le déplacement seul, soit à peu près 70 kms
de distance ! Chapeau bas monsieur. De plus, il est pas mal au fait de cette scène en France. Il ne repartira pas avec moins de 5 ou 6 disques, et il connaît tous ces groupes. On discutera un bon
moment et il nous confiera qu'on risque d'apprécier Mons car c'est un peu "redneck". Beh merde alors, j'ai l'impression d'entendre parler un nîmois.
Grâce à Yannick (guitariste de La Pince) et un petit échange je chope le CD de Büff, celui de La pince et une compil live en DVD de groupes programmés par l'orga. Merci encore !
On finit à la coloc des M.O.N.O.C.L.E. Yannick nous propose alors un gratin du feu de dieu ! Je n'y ferais malheureusement pas trop honneur car l'estomac est déjà bien rempli de bière… Boris,
dans une forme olympique arrive alors en compagnie d'une amie qui nous révèle que la recette vient de sa famille. Franchement la classe ! Je n'ai même pas remarqué la muscade si flagrante que
tout le monde a retrouvée. J'en suis à ce point là… Et là, une bouteille de vodka russe (ramenée directement du bled par la mère de Boris) tombe sous la main de notre hôte. C'est fou ces
bouteilles qui apparaissent en fin de soirée, toujours par enchantement. On se fait encore pas mal de politesses autour de ce breuvage et nous filons non sans mal nous coucher.
Encore une sonne boirée !