Lundi 21 - Paris / Le café de Paris : TETSUO + SHUB + LUCERTULAS
Lorsqu'on se pointe au troquet, comble de chance encore une fois, on arrive à dégotter une place réservée aux livraisons. Libre à cette heure-ci et pile poil devant. Cela nous sera d'une grande
utilité pour le matos. D'autant qu'on va vite s'apercevoir qu'il faut traverser une première salle avant de descendre dans une cave à peine aérée. La meilleure aération réside dans un trou fait
dans le plaquo du faux plafond. On s'y est pris à plusieurs fois, c'était bien là où l'on respirait le mieux. C'est petit et y'a pas de scène. ça va être barjo ce soir si y'a du monde…
Tetsuo ne tardent pas non plus. ça fait plaisir de les voir là. Toujours pas vu jouer, mais je commence un peu à les connaître à force de les croiser. Quelques temps après arrivent Lucertulas.
Depuis trois ans on cherchait à les faire jouer à Nîmes. Voilà que maintenant on va se croiser plusieurs fois pendant la tournée. Je finis le fuck my tour deux jours avant les autres pour enfin
les accueillir chez nous !
Toute l'orga et les potes sont là. Agnès, Greg, Karine, Olivier, Lauranie, Benoit, Franck…
On papote joyeusement et le monde arrive petit à petit. On a déjà installé le matos et la distro, ça nous laisse un peu de répit avant de rentrer dans le vif du sujet.
Un estrangoulis sépare la cave d'une arrière salle. Ca bloque un peu pour rentrer mais encore une fois je m'occuperai pendant cette attente pour tchatcher. Y'a déjà pas mal de monde et c'est
quasiment plein.
Le concert de Tetsuo commence, c'est calme et ça détend. Une musique légère mais pas molle. Duo électroacoustique, leur musique est vraiment intéressante. Ils y mêlent plusieurs univers sonores.
J'aurai encore raté leur prestation tellement l'ambiance peinard me laissai flâner dans cette arrière salle à droite à gauche sans déranger le set. J'en garderai un bon souvenir.
La désormais sacro-sainte pause cigarette entre les sets, une bière au passage et c'est reparti. Merde, y'a encore plus de monde et je calme mes ardeurs pour m'incruster. J'arrive tout de même à
m'immiscer doucement jusqu'au deuxième rang, bloqué par un géant de deux mètres. Je n'irai pas plus loin mais aurai la chance qu'il me supporte, car il prendra plusieurs fois mon front sur son
épaule à cause de mes head-bangs continus.
Le concert de Shub est chaud, très chaud même. On est serrés comme des sardines et l'ambiance monte d'un cran quasiment à chaque fin de morceaux. On se croirait au concert du méchantes bêtes de
la dernière tournée. On suffoque et les murs dégoulinent de condensation. Les guitares ne tiennent pas l'accordage, il faut les régler continuellement. Une vrai galère pour les ziquos et même si
on en chie de notre côté aussi, c'est un vrai bonheur !
Vite de l'air, pause clope… De retour la salle s'est un peu vidée, il reste du monde mais ce coup-ci on circule librement et il reste un fond dégarni.
Lucertulas attaque ! Encore une fois ce n'est pas un vain mot. Je suis immédiatement surpris par le son compact et les coups de kick phénoménaux que prodigue Massimo à sa grosse caisse ! Elle
avance de vingt centimètres toutes les vingt secondes ! Tant et si bien qu'à la fin du premier morceau elle à presque avancé d'un mètre treize… Grosse galère, les deux autres comparses s'en
aperçoivent et essayent tant bien que mal de caler avec un talon chacun cette foutue grosse caisse qui se fait la malle ! Pédales d'effet oblige, la manoeuvre n'est efficace qu'un temps, ils
doivent se concentrer dessus. Je regarde autour d'eux si y'a rien qui pourrait servir à caler la bestiole; rien. À la fin du titre, je demande au batteur avec de l'anglais et des mains s'il a
rien qui peut servir. Il m'explique avec le même langage qu'il a une sangle, mais pommée au fond d'une caisse. Il improvise alors un cordage avec deux jack qu'il saucissone aux pieds du gros
tambour et qui passe derrière son tabouret. Ils voleront en éclat après deux coups de pieds ! Je propose alors à la fin de la troisième chanson de rester caler avec mon pied cette blagueuse
pendant qu'ils jouent. Le gars me dit que c'est n'importe quoi, je lui réponds qu'il faut essayer pour voir. J'm'y colle et en prends plein la jambe car très mal installé. Je comprends alors
qu'une fois bien assis et un pied de chaque côté ça devrait mieux passer. Test concluant sur le quatrième morceau, mais là je prends une dérouillée sévère à mon oreille droite. Chris, le
guitariste joue comme un porcelet, à fond dans les aiguës et à burne ! Je quémande des bouchons d'oreilles au public et le groupe m'offre une bière fraîche. Enfin, le cinquième titre et je suis
assis aux premières. En plein milieu du bousin. Putain ça claque ! J'ai encore mal à l'oreille mais le son est vachement bon. Je baigne dedans et vibre jusqu'à la moelle. J'encaisse maintenant
tranquillement les coups de lattes de ce furieux, avec la clim en prime ! Chaque coup de pied m'envoie une décharge d'air comprimé dans la tronche, les cheveux dans le vent. Tip top, concert
première classe haut la main. Nous voilà déjà copains comme cochon.
Au moment de remonter tout le matos, plusieurs équipes se forment. Certains finissent de ranger, d'autres commencent à remonter chargés. Former déjà un tas dans l'avancée du bar avant de charger
le tout dans les véhicules respectifs. Quand je fais mon premier voyage, je vois Ben revenir furieux en gueulant à tout va ! La bleusaille vient de passer aligner les trois caisses des groupes et
s'apprête à poser un sabot sur celle des Réju ! Il est minuit passé, aucune livraison à cette heure là et on charge du matériel. Il faudrait qu'on laisse ces places inoccupées et qu'on fasse
vingt mètres à pied chargés comme des mules ? Asshole !
Tout le monde doit se séparer pour regagner ses pénates avant le dernier métro.
Tournée de bécots et on file vite d'ici, ça pue !
Non, décidément dans cette ville on rit pas !