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25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 14:13

 

MANGE FERAILLE – Erba Spontanea

© 2020 - Dur et Doux / A Tant rêver du roi / Poutrage / Kerviniou / Tendresse

 

Anthony Fleury : Guitare baryton / orgue / chant

Thibault Florent : Guitare / orgue

Etienne Ziemniak : Batterie

 

Enregistré et mixé par Antoine Lacoste en janvier 2020 puis entre février et juin 2020 au studio Corner Box (Rocheservière)

Masterisé par Brice Kartmann en juillet 2020 à Tours

Photo et dessin : Julie Innato

Infographie : Thomas Pineau

 


Mauvaise herbe, littéralement de l’italien Erba Spontanea.
Elle se régénère spontanément sans l'aide de l’homme. Mauvaise pour certains, bénéfiques pour d'autres, elles participent à l'écosystème d'une terre.

Comme tous les grands groupes, leur musique et leur son est reconnaissable et identifiable parmi un millier.
Toutefois, bien qu’ils utilisent des recettes bien à eux, ils ne font pas de copies d'eux mêmes et cherchent à se renouveler sans cesse. Erba Spontanea en est la preuve. Troisième enregistrement de ces trois tourangeaux. Ils nous proposent ce coup-ci une plage unique de quarante minutes.
Une écriture jazz, sorte d’improvisation travaillée et ciselée avec une grande précision, ils ne proposent qu’un thème et c’est déjà là qu’ils m’ont surpris, car c’est loin d’être conventionnel. Ledit thème est à la batterie mais joué d’une multitude de manière différentes tout en gardant le tempo comme une machine. C’est bien là le tour de force qu’ils réussissent. Ils s’affranchissent des codes et aujourd’hui ce n’est pas une mince affaire.

Toujours la constante Krautrock, noise, indus et électro. Mais même ces étiquettes sont réductrices.

D’autant qu’ils n’ont rien d’électro car tous leur sons sont analogiques. Encore un tour de force car ils m’ont littéralement bluffé avec ça. Des fois on croit que… Mais en fait non.

Ces éléments composent et agrémentent leur musique, mais ils ont leur sauce bien à eux. Un son moderne avec des approches anciennes ! Voilà peut-être ce qui peut résumer leur style.

L’intro donne le ton direct. Ici on ne va pas se promener pour une balade bucolique et ramasser des pâquerettes, mais plutôt aller traîner dans un monde chaotique et apocalyptique. La tonalité de la guitare change seulement au bout d’1 minute 30 sur une rythmique impassible. Encore une fois dans ce genre de musique répétitive, si on écoute de loin, les mauvaises langues diront rapidement « c'est toujours pareil ». Ouai mais gars, miss, si t’ouvrais un peu plus tes oreilles avant ta bouche tu prendrais un peu de la graine. Ça varie même quasi imperceptiblement.

4’30, on part encore ailleurs, mais ce n'est encore qu'une feinte pour mieux réattaquer.
6’37, premier break total. Pause auditive avec une espèce de fréquence analogique bien aigüe continue mais posée et calme. Un peu comme un reste d’acouphène.
8’10 ça réenchaîne avec un thème soutenu et groove. Mais si voyons, bien entendu qu'il peut y avoir du groove dans des trucs un peu dark. Bien sûr ce n’est pas du funk, mais en live je suis sûr que ça s'empare de ton cerveau tout mou et que ça te secoue le bulbe. Si tu te laisses faire, ça peut même aller jusqu'à te faire vibrer les anches et bouger le popotin.
Il y a quelque chose d'un peu tribal là dedans.
Ici le thème y est plus développé. Des présences et des sons d’orgues variés, une section rythmique constante plus une autre basse saturée avec des interventions ponctuelles, des éructations sonores de guitares… Un mix qui semble empreint d’électronique (on ne sait plus trop et ça en est bien là aussi une partie de leur talent). Bref, ce passage qui devient central est fourni et riche sans par contre nous lasser d'une quelconque longueur bien qu’il conséquent.
20’47, seconde pause auditive mais qui ce coup-ci n'est pas aussi totale car assénée d’une boucle aussi entêtante que brève de gratte (juste le temps de tourner la face).
21’02, un bourdonnement de guitare baryton prend la relève et complète cette guitare entêtante. Le thème principal à la batterie est repris, mais c'est bien par là que la variation va prendre forme petit à petit. La batterie évolue, change, ralenti, le tempo baisse lentement.
27’05 Le riff principal, entêtant, est supplanté petit à petit par une succession de divers impacts de guitare. Des couches encore de gratte et de baryton. Ça continue de digresser petit à petit jusqu’à une gratte encore saturée et dégueulasse à souhait jouée en se désaccordant. Le chao total ! C'est là que le changement ultime intervient avec un fond lourd et profond posé sur le thème précédent à la batterie qui reprend avec une fréquence basse et une sorte de delay, comme une bête sauvage qui grogne tapie dans l'ombre.
31’33 le chant arrive. Oui c'est bien la première fois où il y a du chant dans MANGE FERRAILLE. Plutôt, une sorte de spoken word que Lee Ronaldo aurait pu poser avec ce timbre. Des effets avec les orgues continuent de ponctuer l’ambiance. Des variations avec des breaks subtils mais bien présents à la batterie. À savoir que tous leurs effets de batterie passent par des pédales analogiques. Il y a même plusieurs couches de batterie et percussions (seul effet de studio). Une ambiance à la limite chamanique à peine suggérée change. Le fond est organique et la fin arrive petit à petit. Annoncée mais pas attendue là où on le croit. Une montée, une chute, reprise rythmique, break, silence… C'est fini. L'expérience est tellement intense si on s'y plonge que ce silence est bizarre. Un mélange entre l'apaisement et le manque.

Encore une fois c’est tous ces « pas là où on le croit ; des fois on croit que… mais en fait non » qui fait de ce disque une véritable pépite. Ils ont l’art et le talent de nous surprendre. Alors que beaucoup disent d’un air blasé que tout à été fait aujourd’hui. Et bien non, Erba Spontanea change la donne. Un album absolument magnifique et magique !

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